Pierre Get dit Sipolis

Ci-dessous un extrait d’un article de Mr. Alain Michel  » Regards et vie d’auvergne » dont vous pouvez lire l’intégralité en cliquant sur ce lien : :https://www.regardsetviedauvergne.fr/2013/04/besse-saint-anastaise-la-vierge-de.html

Besse, petite ville située à l’est  et à une lieue et demie des Monts-D’or.
 
 
BesseCette ville et la seigneurie qui en dépend, faisaient partie de l’ancien patrimoine de la Maison de la Tour d’Auvergne. Au commencement du douzième siècle, Giraud de la Tour en était Seigneur. En 1270, Bernard et Bertrand de la Tour, frères, accordèrent à cette ville des privilèges et coutumes, à l’exemple de plusieurs seigneurs de ce temps-là, qui, toujours accablés de besoins, vendaient aux bourgeois le droit de disposer de leurs biens à de certaines conditions.
 
Exemple de privilège :
-« E fi femna molherada cuminal venia à Bessa per putatge, e omque non auria molher, jafia am l’hois, non es tingut ves en Bernar de la Tor. Si hom s’en fuich am l’altrui molher, ni femna am l’altriu marit, non deu Tornar à Bessa, tro que  Sancta Gleisa los y Torn »

C’est-à-dire :
-« Et si une femme mariée, d’un pays de commune, vient à Besse pour se prostituer, et qu’elle couche avec un homme qui n’a point de femme, il n’est
tenu de ne rien payer à Bernard de la Tour. Si un homme, s’enfuit avec la femme d’un autre, ou une femme avec le mari d’une autre, ils ne doivent point retourner à Besse, à moins que la Sainte Église les y ramène ».
 
 
  

  L’église collégiale et paroissiale de Besse est sous l’invocation de Saint-André. Le clergé y est fort nombreux, on y a vu jusqu’à soixante prêtres. Ce nombre extraordinaire d’ecclésiastiques dans une aussi petite ville, vient de la grande dévotion qu’avaient autrefois les habitants des pays voisins à une image de la Vierge, qui faisait, à ce qu’on dit, beaucoup de miracles.

 Un religieux Bénédictin a composé sur cette dévotion un ouvrage fort pieux, qu’il a dédié aux communalistes de Besse. (Histoire de la Sainte-Chapelle de Vassivière, imprimé à Clermont en 1688).
 
 
Besse, église saint André  
Cette image miraculeuse est une petite statue noire qui tient entre ses bras un enfant. (Statuette, due, assure-t-on aux ciseaux de Saint-Luc). Ce petit groupe était autrefois placé dans quelques vieilles masures sur la montagne de Vassivière ; tout à coup on reconnut qu’il opérait des miracles, et le clergé, accompagné du Corps municipal de la ville, vint en procession sur la montagne de Vassivière, qui est à une lieue de distance, porta dévotement la petite figure noire de la Madone, et la plaça à Besse dans l’église de Saint-André.
 
On reconnut bientôt que ce n’était pas sans raison que le peuple attribuait des miracles à cette image de la Vierge, malgré la joie, la dévotion, et l’accueil empressé du peuple, elle ne put s’accoutumer dans l’église de Besse ; la nuit suivante elle en partit, et sut se rendre sur la montagne de Vassivière.
 Les habitants vinrent ensuite la rechercher à  plusieurs reprises ; mais elle ne pouvait abandonner le séjour chéri des montagnes, et chaque fois, invisiblement, elle se transportait dans sa rustique demeure. On raconte plusieurs autres exemples de semblables statues qui, se déplaisant dans une église, en partaient sans façon, pour se retirer dans celles qui leur plaisaient davantage.
 

Cette résistance de la part de cette petite image augmenta chez les habitants de Besse le désir de la posséder. Ils se déterminèrent enfin à fonder à perpétuité une messe pour tous les mercredis de l’année. Aussitôt  que le Clergé fut assuré de la fondation de cette messe, l’image céda aux sollicitations des habitants, cependant elle leur fit connaître, par plusieurs miracles, qu’elle serait bien aise de ne pas abandonner entièrement son ancien manoir de Vassivière.

VassivièreEn conséquence, en 1550, on y fit bâtir une nouvelle chapelle sur les ruines de l’ancienne. Il y avait jadis, en ce lieu, une paroisse qui était ruinée en 1321 et qui, après avoir été rétablie, fut détruite de nouveau par  les Anglais, au XIVè siècle.

    Cette chapelle rurale, a cinquante pieds de long sur vingt-six de large, en 1555 elle fut achevée, et bénite par Antoine de Senectère, Evêque de Clermont, et agrandie en 1634. 
   Construite à la suite de la guérison de Pierre Get, dit « Sipolis » de Besse,
 

devenu aveugle après s’être moqué de la dévotion de ses compagnons ;  statue de la Vierge Noire, qui, sauvée au XIVè siècle, quitta Vassivière au XVIè siècle pour l’église de Besse, brûlée par la révolution et remplacée par une autre semblable dans laquelle on a mis les débris de la 1ère, couronnée le 3 juillet 1881 par le Cardinal de Bonnechose, de Rouen, entouré de 5 évêques et de 30 000 personnes; pèlerinages le 2 juillet  montée de la statue, ou le dimanche suivant (grand dimanche),  et redescente le dimanche après la Saint-Mathieu. ( La Dévalade).

C’est à Vassivière que la révérende Mère Thomas fut guérie d’une longue paralysie.
 A côté de la chapelle, il y a une fontaine miraculeuse dite : la « Chapelloune ».
 

   Notre-Dame de Vassivière ou Vaussivière, est un hameau de Besse-en-Chandesse, et tire son nom de ces paroles aux incroyants :
 
-« Per y creire, vas y veire ! »
-« Pour y croire, vas y voir ! »
 
   Depuis ce temps,  cette image reste l’hiver dans la ville de Besse, et l’été dans sa chapelle de Vassivière. On assure que :

 « si on ne la transportait pas sur cette montagne, à l’époque fixée, elle s’y rendrait elle-même ».
Piganiol, nous affirme :
 «  Qu’il s’est fait à Besse et à Vassivière un grand nombre de miracles si éclatants et si avérés, que le Pyrrhonien(1)  le plus outré serait forcé d’y ajouter foi ».
La dévotion à cette image est pourtant aujourd’hui beaucoup refroidie.
 

   La chapelle de Vassivière:

    Située sur la montagne de ce nom,  est  à peu près à l’ ouest, et à une lieue de Besse, et au bas du groupe des Monts-d’Or, on y trouve quelques auberges.

La montagne  est fameuse pour la bonté de ses pâturages ; les moutons qu’on y nourrit sont excellents.
  
 

/Un autre extrait cette fois de E-book gratuit :

CHAPITRE II.

Le premier miracle qui fut le sujet de la translation de l’Image miraculeuse de Notre-Dame de Vassivière dans la ville de Besse.

COMME les miracles que je dois rapporter dans la suite de cette histoire sont en trèsgrand nombre et de différentes espèces, ou de divers degrés, il semble que, pour l’instruction de plusieurs personnes , il serait à propos, avant de les décrire en particulier, de parler de la nature, de l’utilité, des causes et des espèces de tous en général , parce que chacun ayant; par ce moyen , une connaissance parfaite des miracles , pourrait plus facilement séparer les véritables de ceux qui ne le sont pas. Mais comme je n’ai pas dessein de composer ici une dissertation, pour défendre ou pour soutenir la vérité de ceux qui se sont faits à la sainte Chapelle de Vassivière, depuis sa fondation jusqu’à présent, mais seulement de les décrire avec toute la fidélité possible, je crois pouvoir me dispenser avec justice de traiter de cette matière qui regarde plutôt la théologie que l’histoire.

Je sais bien qu’à l’égard de ces esprits forts selon le siècle, qui se font gloire de douter de tout et de ne croire qu’à leurs sens, il faudrait, pour les convaincre ou pour les persuader de la vérité de chaque miracle, se servir d’un raisonnement continuel, et donner à tous moments des preuves incontestables de la moindre des circonstances; mais comme ce n’est pas pour ces sages du monde que j’écris, mais pour les personnes seulement qui désirent en tirer des motifs d’amour pour Dieu , et de confiance et de vénération pour la Vierge , sa divine Mère, je ne crois pas aussi que je doive m’attacher à les vouloir persuader de la vérité de tous ceux dont je ferai mention dans cette histoire.

J’avoue bien qu’on en peut supposer de faux, et les donner pour véritables , quoiqu’ils n’en aient que l’apparence; mais comme il y a de la prudence à ne les pas croire trop légèrement, c’est une témérité insupportable de les vouloir contester, principalement quand on donne des preuves qui en établissent la vérité par des faits incontestables.

J’ai déjà fait dans la préface une protestation fort sincère, et que je veux bien encore réitérer ici, de n’écrire que des miracles dont les faits sont avérés par des personnes dignes de foi qui les ont vus ou qui ont reçu les dépositions de ceux qui en avaient été les fidèles témoins. J’ai même examiné, avec la plus grande exactitude qu’il m’a été possible, tous les originaux des actes juridiques qui en ont été faits, les informations dressées par des commissaires députés expressément pour la vérification de ces mêmes miracles, de la part de l’illustrissime évêque de Clermont, feu messire Louis d’Estaing , et de son prédécesseur, messire Joachim d’Estaing; en un mot, je n’ai rien oublié de tout ce qui pouvait servir pour rendre cette histoire véritable et digne de la croyance des lecteurs. Après cela , j’ai quelque sujet d’espérer que les plus difficiles à croire en matière de miracle pourront se rendre à la force de ces preuves , et qu’ils concevront ensuite des sentiments d’estime et de vénération pour le saint lieu de Vassivière , que la divine Marie a choisi pour en faire le trône de ses saveurs et de ses grâces.

Ce discours m’a semblé nécessaire pour disposer l’esprit du lecteur à lire, avec de grands sentiments de dévotion, les miracles qui sont si fidèlement rapportés dans tout cet ouvrage, étant certain que son cœur en sera d’autant plus touché, que son esprit en sera plus convaincu. * Voici le premier que Dieu fit sur la montagne de Vassivière, ou du moins le premier dont on dressa un acte juridique , pour en laisser la mémoire à la postérité. Mais ce miracle fut comme la première preuve que Dieu donna du choix qu’il avait fait de ce saint lieu , pour élever la gloire et le pouvoir de sa divine Mère, puisqu’il punit si sévèrement un certain homme qui témoigna en avoir du mépris; cet homme s’appelait Pierre Get, dit Sipolis, originaire de la ville de Besse. En 1547, au mois de juin, cet homme étant parti de la ville, accompagné de Guillaume de Chalus et de quelques autres marchands, pour aller en celle de Latour, comme ils furent arrivés à la montagne de Vassivière, et au pied de la muraille où était la sainte Image dont nous avons parlé, Guillaume de Chalus et les autres marchands se mirent à genoux et y firent leurs prières, selon la louable coutume des voyageurs qui passaient en cet endroit; Pierre Get, au lieu de suivre l’exemple de ses compagnons, méprisa leur dévotion, et s’avança lui seul vers un ruisseau qui est au bas de la montagne.

Mais Dieu , qui avait choisi ce lieu , comme nous venons de le dire, pour y faire honorer sa très-glorieuse Mère, ne laissa pas impuni le mépris qu’en avait fait ce malheureux; à peine fut-il arrivé au bord du ruisseau , qu’il se sentit frappe de la main de Dieu , et perdit en un instant la vue, Un accident si prompt et si funeste lui fit bientôt connaitre quelle en était la cause. Il commence à crier : Eh! Dieu , qu’ai-je fait? Vierge Marie, secourez-moi! En répétant souvent les mêmes paroles d’une voix forte et avec des soupirs redoublés, il se fit entendre de ses compagnons, qui y accoururent tous, pour apprendre de lui-même le sujet de ses plaintes et de ses alarmes. Le mal était trop grand pour n’être pas connu , et ils jugèrent bien avec lui qu’un aveuglement si prompt ne pouvait être qu’une punition manifeste de son indévotion. Ils lui représentèrent combien elle était criminelle ; mais ils tâchèrent aussi de le consoler , en lui inspirant de la confiance pour celle qui se laisse vaincre par les larmes et les regrets des pécheurs ; ils le conduisirent ensuite par la main devant la sainte Image, en présence de laquelle s’étant tous mis à genoux, ils mêlèrent leurs larmes et leurs prières avec celles de Pierre Get. Ce fut là que ce pauvre affligé fit une confession, et en même temps une réparation publique de son crime; il promit de l’expier par la pénitence : et le regret de l’avoir commis fut si sincère, qu’il promit dès ce moment, par un * vœu, que si la bonté de Dieu était fléchie par ses larmes, et qu’il pût recouvrer la vue par les mérites et l’intercession de cette divine Vierge, qu’il avait offensée, il se ferait le premier roi de sa dévotion à Vassivière, le second jour de juillet, fête de la Visitation, et qu’il donnerait cinq livres de cire pour être brûlée dans l’église de Besse. Ce vœu fait avec cette ferveur, et accompagné d’une véritable repentance, fléchit cette Mère de miséricorde; elle lui rendit la vue par un miracle comme elle l’en avait privé par un autre. La joie de Pierre Get, aussi bien que celle de ses compagnons, fut extraordinaire; ils rendirent tous ensemble de très-humbles grâces à Dieu et å la très-glorieuse Vierge pour cette faveur reçue, et reprirent ensuite leur chemin vers Latour. Comme ils furent de retour à Besse, ils se crurent obligés de ne pas cacher les merveilles que Dieu avait opérées sur la sainte montagne de Vassivière; c’est pour cela qu’ils firent, après avoir prêté le serment dans toute les formes, une déclaration authentique devant les magistrats et les principaux habitants de la même ville de tout ce qui s’était passé en la personne de Pierre Get. C’est le premier acte juridique qui ait été fait des miracles de NotreDame de Vassivière, et le premier miracle qui donna occasion à la translation de l’Image miraculeuse dans la ville de Besse, comme nous le verrons dans le chapitre suivant.

CHAPITRE III.

Translation de la sainte Image de Notre-Dame de Vassivière en la ville de Besse; miracles ordinaires qu’elle opérait, et découverte de la Fontaine miraculeuse.

La remarque de saint Augustin ‘est admirable, lorsqu’il dit, dans sa 22e lettre , qu’il y a dans les miracles une éloquence merveilleuse qui instruit notre esprit par les yeux, et non pas pár l’oreille : In opere divino quamdam eloquentiam non audire , sed considerare permisit. Les deux niracles que Dieu venait de faire pour punir l’indévotion et pour autoriser la pé- nitence de Pierre Get, eurent, en effet, plus de force et plus d’éloquence pour persuader aux habitants de la ville de Besse la vénération pour cette sainte Image, qui était depuis si longtemps dans cette ruine, que tout ce que la renommée publiait tous les jours des grâces et des faveurs que recevaient les passants qui y faisaient des væux et des prières. C’est pour cela qu’on délibéra , dans un conseil de ville , de l’agrément de MM. les prêtres de la Communauté, d’aller en procession visiter cette sainte Imagé de Vassivière deux fois chaque année, le 25 mars, jour de l’Annonciation de la Vierge, et le second de juillet , fête de la Visitation , afin de donner par là des preuves de leur reconnaissance, en regardant le bien commun de toute leur ville dans le bienfait particulier qu’un seul de leurs citoyens venait de recevoir, et encore un témoignage public de l’honneur et de la vénération qu’ils désiraient rendre à l’avenir à cette Mère de miséricorde, qui commençait d’une manière si éclatante à les favoriser de sa protection.

Cependant le bruit du miracle qui s’était fait » à Vassivière en la personne de Pierre Get commençant à se répandre partout , la dévotion à des peuples commença aussi à s’accroitre envers la sainte Image; chacun même s’étonnait que e les habitants de la ville de Besse, qui avaient tant d’intérêt à la conserver comme une chose e qui leur appartenait, l’eussent laissée , l’espace e, de tant d’années, dans un lieu si peu conforme a à la grandeur de la Mère de Dieu, qu’elle représentait. MM. les prêtres de l’église St-André de la même ville, qui étaient dans ce temps nombre de soixante, entrèrent les premiers dans des sentiments si justes. Ils condamnèrent le peu de zèle qu’ils avaient eu par le passé, et crurent pour lors que ce serait manquer de respect et de religion envers la Mère de Dieu , de laisser plus longtemps son Image dans un lieu si peu décent, et même inaccessible la plupart de l’année à cause de l’abondance des neiges. Ils délibérèrent donc de la transférer dans leur église , qui est non-seulement paroissiale, mais encore collégiale , comme il appert par la bulle du Pape Alexandre VI, octroyée à cette église en l’an 1498 (1). Cette résolution prise et le jour assigné pour cette translation, MM. les prêtres, les magistrats, les consuls, tous les principaux qui composaient la Maison de Ville, et presque tous les habitants, allèrent processionnellement sur la montagne de Vassivière, retirèrent la sainte Image de cette muraille où elle était , et la portèrent dans l’église de Saint-André avec une joie et une magnificence qui faisaient bien connaitre l’estime qu’ils faisaient d’un si riche et si précieux trésor. Mais les pensées des hommes, quoique religieuses en apparence, ne sont pas toujours conformes aux desseins de Dieu ; puisque tout
(1) In prædictà ecclesiâ à tanto tempore (de cujus ritio memoria hominum non existit) fuit, et hujus di collegium communitas nuncupatum presbyterom ipsius ecclesiæ originem trahentium ex bulld Put. VI, data 12 junii 1498.